Nous y voilà. On a longuement pesé le pour et le contre, remis la fameuse et redoutée première sortie à plus tard à de nombreuses reprises, mais un soir la tentation est trop forte, on se dit qu’il faut bien finir par se décider un jour. Et puis on décrète que c’est « pour ce soir » : on va enfin se risquer à faire ses premiers pas en femme dehors, et advienne que pourra !
Alors on se prépare avec encore plus de fébrilité que d’habitude. On se maquille avec plus de soin, pas question de passer pour un « pot de peinture » approximatif. Bien penser au cache-barbe et appliquer la bonne couche de fond de teint pour dissimuler notre pilosité masculine, choisir ses vêtements avec soin, s’assurer que l’on a un look plus élégant que vulgaire, remplir le sac à main du contenu ad hoc, etc.
On se regarde dans la glace et on se dit qu’on est pas mal ; mais quand même, vous dites-vous : ça se voit que je suis un travesti, non ? Pour vous répondre franchement, à moins que vous n’ayez un physique exceptionnellement androgyne : oui, ça se voit sans doute, au moins un peu. Mais pas grave. Et alors ? Des centaines de travestis sortent dans les rues tous les jours, bienvenue à vous !
Mais les minutes passent et on ne se décide toujours pas. On se sent bien, si féminine dans ses vêtements et sous-vêtements féminins, on a le coeur qui bat la chamade mais on hésite toujours. Que va-t-il m’arriver une fois dehors ? L’heure tourne, et il faut bien se décider puisqu’on se l’est promis. Alors, on y va. On passe sa veste ou son manteau, on attrape son sac à main, que l’on s’installe en bandoulière autour du cou et d’une épaule, on se regarde une dernière fois dans la glace. Pas mal, mais est-ce que ça va marcher ?
On s’approche de la porte, clés en main, on fouille dans son sac pour s’assurer que tout est bien là : papiers, argent, téléphone, etc. On entr’ouvre la porte et on jette un œil sur le palier, l’oreille aux aguets. Il est près de minuit, mais qui sait si un voisin ne va pas débouler tout à coup sur le palier pour aller vider sa poubelle ? Là, pour le coup, vu que je sors de chez moi, il aura vite fait de comprendre…
Mais ça ne se produit pas, aucun voisin en vue, donc on pose le pied dehors, et vient le moment de refermer la porte derrière soi. Clac, c’est fait. Bien remettre les clés dans son sac à main, dans la pochette à fermeture éclair. À la limite je peux perdre ou me faire voler tout le reste, mais surtout pas les clés.
Si vous habitez un immeuble, sans doute serez-vous tentée de prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur, c’est plus discret. Vous avez raison, surtout pour une première sortie où vous avez besoin d’être rassurée, alors va pour les escaliers. Le bruit des talons sur les marches vous électrise : ça y est, vous êtes une femme et vous sortez vous montrer.
Vous voilà maintenant dehors en bas de chez vous, sur le trottoir. Votre coeur bat deux fois plus fort que quelques instants avant, et il battait déjà très vite. Vous voilà lâchée dans le monde incertain de la nuit. Vous risquez des regards autour de vous et constatez qu’il y a encore bien du monde dehors à cette heure pourtant avancée. Vous avez peur, et peut-être l’envie de retourner de vous réfugier dans le confort rassurant de votre chez vous. Résistez, maintenant que vous êtes sortie, on y va !
Une fois dehors, contentez-vous de marcher tranquillement sur le trottoir dans la direction que vous vous êtes fixée. Mettez en pratique tous les conseils de ce guide et tous les exercices auxquels vous vous êtes livrée avant d’oser sortir. Faites de petits pas, conservez le buste droit et la tête haute, marchez le long de votre ligne droite imaginaire et essayez d’afficher une expression dégagée – je sais, ça ne sera pas évident dès la première sortie !
Si vous croisez des gens, évitez leurs regards, sauf si vous êtes sûre de ne rien risquer. Les femmes seules et les couples sont généralement travesties friendly et vous ignoreront – où vous salueront éventuellement gentiment –, de même que certains hommes, même s’ils ont reconnu en vous un travesti. Ne cherchez pas à entrer en contact, mais si l’on vous salue courtoisement, répondez de même. À l’inverse, si un groupe de mecs éméchés est sur votre chemin, faites plutôt demi-tour, ou réfugiez-vous sous une porte cochère le temps qu’ils vous dépassent.
Pour cette première sortie, contentez-vous de marcher et concentrez-vous sur votre démarche. Ne cherchez pas à rouler des hanches ou à en faire trop. Votre apparence suffit, et il est même possible que quelques passants vous prennent pour une « vraie » femme. C’est là le plaisir suprême bien sûr, celui que vous recherchez : arriver à faire illusion car cela voudra dire que tous vos efforts de féminité ont porté leurs fruits.
Considérez cette première sortie comme un entraînement, respectez l’itinéraire que vous vous êtes fixé en évitant de vous aventurer au-delà de ce que vous avez prévu dans des endroits que vous ne connaissez pas. Il s’agit pour vous de banaliser le fait de sortir en femme, de vous familiariser avec toutes les sensations liées à la féminité, donc ne voyez pas trop grand dès le début. Il est possible que vous vous sentiez rapidement très bien, éprouvant un grisant sentiment d’exaltation : ça a l’air de « fonctionner », c’est même plus facile que prévu, et c’est tellement agréable de se sentir femme de haut en bas et d’être perçue comme telle !
Mais ce n’est pas pour autant qu’il vous faut brûler les étapes. Ce n’est qu’au fil des sorties que vous acquerrez l’assurance indispensable ; contentez-vous donc de profiter de la nouveauté des sensations sans chercher à multiplier les expériences pour cette première fois. Voilà, vous avez fait votre aller-retour, respecté l’itinéraire prévu et vous êtes revenue devant votre porte. À présent, vous hésitez à rentrer. Cela s’est si bien passé, pourquoi ne pas repartir pour un petit tour ? À vous de voir, pourquoi pas, surtout si vous vous sentez en sécurité ? Ne faites toutefois pas durer le plaisir trop longtemps, une trentaine de minutes suffisent pour cette grande première déjà riche en émotions. Votre ultime plaisir du soir sera peut-être de remonter chez vous en prenant cette fois l’ascenseur ?
N.B : Une première sortie par un temps pluvieux peut-être une bonne idée pour les plus timides car elles se sentiront « à l’abri » sous leur parapluie. Il suffit d’incliner légèrement celui-ci devant sa tête en croisant des passants, et l’on est sûre de passer inaperçue. Mais êtes-vous certaine que c’est bien ce que vous voulez ?
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Vous aussi, racontez la première fois où vous avez osé sortir !